dimanche 24 janvier 2010

LES 1000 VIES DE CASANOVAS



Jean-François Casanovas est un artiste de la métamorphose, de ceux qu'on appelle trop hâtivement transformiste , qui après avoir connu la grande époque de l'Alcazar à Paris s'est fixé depuis trente ans à Buenos-Aires dont il colore la nuit de ses shows hallucinants.
Avec "SPLENDOR" qui se joue au Club Maipo il offre la démonstration de son art du travestissement théâtral et de la composition de figures de l'ultra-féminité. Glamour et monstruosité se mêlent dans cet univers du raffinement, de l'étrange qui enrichit la veine burlesque.
Fregoli moderne d'une grande virtuosité dans la pantomime et le glissement de registres, Casanovas ne se contente pas d'un jeu de parodies dans lequel du reste il excelle, mais déploie un éventail bigarré de personnages tragi-comiques, toutes éprises d'idéal et de vanité dérisoires, naviguant entre les paillettes et les ombres cruelles d'une solitude, pour le coup, elle, invariable.



Soutenu par une bande sonre et musicale du meilleur goût ( opéra, standards de jazz ou de soul, chanson réaliste cabaret...) mis en chorégraphie par le merveilleux travail de Oscar Araiz, somptueusement habillé par l'excellente plasticienne Renata Schussheim, le spectacle est un de ces bonheurs nocturnes et scintillants pour mettre au cou d'un samedi soir d'ennui.
J'ai adoré ses créatures chauves et pailletés sorties d'un univers glam-punk,la mise en scène inédite et en français de ce magnifique poème-chanson de Cocteau "La dame de Monte-Carlo", le numéro désopilant de Yma Sumac imitant les oiseaux de la jungle, la caricature cruelle de la escritora argentina intoxiquée de culture française ou cette Gilda dorée jaillissant d'un gorille de peluche!



L'art du masque et du costume est porté à son sommet dans ce spectacle qui fait au-delà de l'humour irrésistible, la part belle à la danse moderne, aux climats mélancoliques et nous glisse un touchant message, en forme de lettre d'amour froissée, sur les mirages du music-hall et de l'existence.

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