dimanche 1 novembre 2009

UNE VISITE INOPORTUNE



Que penser de la mise en scène de l'oeuvre de Copi qui se donne à Buenos-Aires sous la direction de Stephan Druet, spécialiste d'opérettes et d'Offenbach?
Que Moria Casan, la monstrueuse ex-vedette de cabaret occupe immensément la scène de toute sa présence freak sans vraiment donner de nuances à sa performance. Dévorée par son personnage outrancier, elle CAMPe une infirmière opiomane et pornographique, jouant honorablement les deux notes que la nature et la chirurgie plastique lui ont octroyé: le grotesque et le vulgaire. Bien sûr ces registres correspondent aussi à l'univers de Copi, dramaturge sur lequel je m'interroge encore et dont je n'ai pas déchiffré le génie qu'on claironne à tout bout de champ.



Certes la mise en scène hyper-spectaculaire ( interventions musicales parodiques surnuméraires et inégales, jeux de lumières, effets sonores, hystérie de mouvements...) ne permettent pas vraiment de savourer le texte, exécuté à la mitraillette. Il manque une intensité tragique dans cet opéra bouffe sur la mort qui cherche à maintenir un rythme trop frénétique.
Le protagoniste, tout comme Copi au moment de l'écriture, est atteint du Sida et en phase terminale. La visite inoportune est celle de la Mort sous les traits de Regina Mortis, cantatrice drag italienne magistralement interprétée par Jean-François Casanovas qui après avoir fait les grandes heures de l'Alcazar à Paris dans les années 70 s'est installé en Argentine. Sa performance est parfaite et absolument irrésistible. On sent l'esprit d'Alfredo Arias planer sur tout le spectacle et Casanovas s'amuse à parodier la grande Marilu Marini avec des attitudes désopilantes! Sa figure savamment composée est dans le style exact de la ligne donnée par Copi, transformiste à ses heures:



La Casan face à cette figure impeccablement exécutée fait penser à un clown rouge, caricature d'elle-même, condamnée à rouler des hanches et sortir ses deux énormes tetas comme un travesti décadent des bosques de Palermo.
Enfin le premier rôle est une erreur monumentale de distribution. Trop jeune, trop petit, trop peu charismatique il est complètement effacé par les bêtes de scène que sont tous les seconds rôles eux parfaitement distribués. Pour jouer le double de Copi il fallait un acteur mûr et capable d'ironie, de sarcasme... pas le petit copain du metteur en scène!
Globalement il n'est donc pas inoportun de faire une visite à la ciudad Konex pour voir ce freak show divertissant où d'excellents moments sauvent malgré tout le spectacle.

Aucun commentaire: