samedi 18 octobre 2008

EFFUSIONS DE DIANE

Au Québec c'est une reine dont tous les fans de mon espèce se disputent l'amour exclusif. En France, elle jouit d'un statut plus mystérieux et moins hystérique. On la connaît, même si on la confond avec d'autres Diane, alors qu'elle est hors catégorie. Non, Diane Dufresne n'est pas reine de France, elle fait trop peur aux goûts du petit français qui préfère les chanteuses populaires lisses et vernissées. Car Diane, c'est de la dynamite, de l'hélium dangereux, un oxygène trop pur qui monte à la tête et donne le vertige. La voix tout d'abord, est hors norme, inouïe au sens le plus strict du terme. Ténébreuse ou céleste, elle fusionne avec le cri ou le râle, le murmure ou le contre-ut selon les émotions et les exigences de la musique. Visuellement la Dufresne est aussi un monstre sacré, diva ou rock star, glamoureuse ou bizarre, classieuse ou clocharde délurée, elle est une métamorphose ambulante et sait offrir à son public le faste, l'inédit, l'énorme et le sublime dont il s'alimente. Enfin le répertoire, réaliste, poétique, drôle, engagé, profond ou ludique, avec de grandes signatures de la chanson (Plamondon, Jonaz, Rivat et elle-même depuis dix ans) mis en musique par des artistes de tous horizons et de tous genres. Phénomène de scène ( je l'ai vue cinq fois et me désespère de perdre son show aux Bouffes du Nord en novembre...) elle est d'un professionnalisme impressionnant et propose à son public un immense don d'elle-même avec un respect qui émeut.
Son dernier opus Effusions est une réalisation parfaite mêlant tangos, ballades, mélodies au piano avec le grand Alain Lefèvre, ou symphonie électronique avec Marie Bernard avec laquelle elle signait déjà il y a 12 ans un album magnifique. Ecouter ma chanteuse de prédilection chantait sur un air de bandonéon alors que je vis en Argentine me va droit au coeur et en bon mythomane que je suis j'y vois bien sûr un signe personnel!

Voilà pour le dithyrambe et maintenant le souvenir particulier qui me lie à la Diane québecquoise. C'était il y a une décennie, je passais une période de ma vie professionnelle en Creuse ( idée absurde dont je n'étais pas responsable évidemment) et je me revois au coin du feu de la petite batisse rurale où je crèchais, en un mois de janvier couvert de neige. J'étais allé voir pour les fêtes de fin d'année la Dufresne à Paris, aux théâtres des Bouffes Parisiennes. Dans ce nid rococo à moitié déserté par le public, Diane chantait sa vie, son parcours de star et d'ermite dans des tenues de carton ou de tulle. J'avais fait antichambre longtemps pour la saluer au sortir de sa loge comme une bonne midinette qui se respecte quant un petit monsieur passa devant moi et s'engouffra sans problème par la petite porte derrière laquelle s'abritait la diva : c'était Nougaro. Un agent de la chanteuse m'informa qu'ils allaient manger ensemble et que le théâtre fermait : c'est par ici la sortie! Je regagnai dépité ma Creuse profonde et ses pâturages blafards non sans laisser à la réception du théâtre une lettre d'éloges et de remerciements à la dame (oui je suis un aficionado absolu et ridicule comme on en fait plus). Et pourtant, une semaine plus tard, toujours sous les neiges de la Creuse éternelle, j'eus le bonheur de recevoir une carte autographe de madame Dufresne avec un dessin original et un mot de remerciement personnalisé! Ma joie fut si rayonnante que je crois que le dégel commença ce jour-là! Tout cela à cause d'une voix et des EFFUSIONS dans lesquelles elle me jette!




http://www.postedecoute.ca/catalogue/album/diane-dufresne-effusions

Et parmi ce qu'elle a fait de plus grandiose et de plus fou "Le parc Belmont"

http://www.youtube.com/watch?v=g4kZjwfnKTU

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